Le toponyme Assigny est de type gallo-romain et rappelle l'existence d'un domaine rural dont un propriétaire s'appelait probablement Assenius, Asinius ou Accinius (Boyer, 1926 ; Nègre, 1990 ; Le Bellec, 2022 ; Morlet, 1985) formé à partir d'Assius dont l'origine est germaine, l'étymologie de ce nom provenant d'une latinisation du nom de personne germain asch, diminutif d'adalrik qui signifie noble et puissant. L'origine de ce village remonte donc sans doute à l'époque où les germains ayant servi dans les légions romaines se voient offrir des terres avec un peuplement réel à partir du Moyen-Âge. Formes anciennes du nom : Ecclesia de Accigniaco (1144), De Axigniaco (1163), de Acigniaco (1164, 1175, 1262), Signi (1168), Acigni (1180), Assigny (1274, 1448, 1454, 1788, Cassini), Capellanus de Aucigniaco (1327), Auxigny (1345), Asseigneyum (1405), Asigny (1435), Assigné (1466)
Barlieu est dérivé de la racine gauloise *bar,*barros et du latin locus = lieu ; barros signifie la hauteur, le sommet, la cime, et par extension la tête (se trouvant au sommet du corps). Il est issu de la racine indo-européen *bhers- (pointe / cîme), et serait à l'origine des mots français : barre, barrière. On le retrouve en vieil irlandais (barr), en gallois et cornique (bar). En toponymie, elle signifie généralement des lieux habités en hauteur comme Bar-le-Duc ou Bar-sur-Aube ; de nombreux toponymes comme La Barre ou Les Barres correspondent à un village gaulois en bordure d'un coteau ou sur une hauteur. Comme pour Barlieu, *barros entre aussi dans la formation de noms de lieux composés, comme Barnave dans la Drome (associé au gaulois *nava =plaine, vallée), le château du Haut-Barr (avec le germanique hoch et écrit aussi Hohbarr) pour ne donner que deux exemples. Formes anciennes du nom: Ecclesia de Barloco (1144), Barloces (1190), Parrochia de Barleco (1247), Prior de Belloloco (1327), Prior de Ballo Loco (1351), Barlieu (1367, 1390, 1788, Cassini), Baleu (1397 Parrochia de Barro Loco (1529, 1603, 1648, 1720, 1766), Parrochia de Barlo Loco (1553), Berlieu (1567), Barlieu sous Loire (1730)
Selon Albert Dauzat (1963), Concressault viendrait du latin cortem = domaine rural, et Curzi-wald, nom de personne germanique, (wald =gouverner). Pour Ernest Nègre (1900), Concorcelli en 1188, proviendrait de cortem et d'un nom de personne germanique Cunthild : Cort-Contial serait devenu Con-Corciald par métathèse des consonnes r et n (n permutation de deux phonèmes). En 1840, Pierquin de Gembloux indiquait que les étymologistes classiques faisaient venir ce nom de Concordiae Saltus (le bois de la concorde) et adhère à cette thèse ; il écrit : "succédant peut-être à une forêt sacrée, un temple de la Concorde, dont on n'a point encore découvert les vestiges, y attira sans doute la piété gallo-romaine ; et l'invasion anglo-saxonne, loin de lui enlever son caractère antique ne fit que l'augmenter en y fixant le séjour du prince : de là le mot tudesque ou theuton de Kurt, précédant l'ancienne dénomination". Formes anciennes du nom : De Concorcialdo (Xe siècle), Concurcallum (1012), Concurceaul (vers 1012), Concurcial (1040), Corconcialdum (vers 1060), Curconcal (1065), Concorcellum (1087, 1351), Concurcarlum (1100), Corconcialum (1102), Concorthau (1119), Corcociacum (1123), De Corcociaco (1123),Concorthallum (1129), Concurciacum (1130), Concortallum (1144), Concorciacum (1163), Curconcellium (1168), Cumcorcaut (1176), Cucurciandum (1182), Concorcelli (1188), Concruceaut (vers 1201), Concorcaudum (1203), Concorceallum (1203), Conquerceaut (1217), Concorchaut (1222), Concorceaut (1227), Concorcauz (1239), Concourcaut (1343), Concorsaut (1380), Concorsault (1416, 1437, 1529), Concoursault (1453, 1505), de Concrecello (1502), Concursault (1558), Concressault (1567, 1586, 1788, Cassini), Concresault (1582), Concordiae Saltus (1648), Concordialum (1766). A noter qu'en patois local, Concressault se dit Conqu'sault.
Dampierre est formé à partir du latin dominus = Seigneur et de Petrus = Pierre et donc est équivalent à Saint Pierre. Le culte des saints (apôtres, martyrs) se manifeste plus particulièrement à partir des Carolingiens. Les premiers glorifiés ont été Pierre, l'apôtre (Dompierre, Dampierre, Dompaire), Martin, l'évangélisateur de la Gaule (Dommartin, Dammartin), la Vierge (domna : Dannemarie, Donnemarie, Dommary). Formes anciennes du nom : de Domno Petro (1130), Donna Petra (1233), Dampetra (1243), Dampna Petra (1261, 1397), Demp Père (1345), Dampierre (1397, 1567, 1704, 1788, Cassini), Dempierre (1397), Dam Père (1426), Danp Père (1452), Damperre (1483, 1506), Damna Petra (1506, 1646), Dampierre sur Yonne (1509), Dompierre (1652, 1670), Dompierre en Berry (1670), Dampierre au Crot (1740, 1772), Dampierre en Berry (1784)
Jars pourrait dériver du germanique gart qui a donné en ancien français jart = jardin (Wartburg, 1922). Les plus anciennes mentions remontent au Moyen Âge. Avec des évolutions. "On relève Yars en 1221, Jardum en 1294, Jards en 1766", lit-on dans Jars, une commune au cœur du Pays Fort. Dans tous les cas, il s’agit bien, d’après les linguistes, de la déclinaison de l’ancien français Jart, jardin, du germanique Gard, que l’on retrouve avec les termes anglais garden ou allemand Garten. » (Michel, 2020). Formes anciennes du nom : Jars (1144, 1195, 1460, 1788) ; Yars (1221) ; Jardum (1294) ; Jars lez Sancerre en Berry (1452) ; Jards (Cassini; Crépy, 1737).
Subligny vient du bas latin Subeliniacus à partir de la racine Svabilo, nom de personne d’origine germanique traitée comme Suabilin, avec adjonction du suffixe de possession -iacus transformé ensuite en –y (Nègre, 1990). La localité puise son origine dans le Ve siècle quand Romulus (futur St Romble) y fonde un ermitage puis un monastère rustique vers 460. Pour plus d'information sur Subligny et Saint-Romble : https://www.sublignypaysfort.fr/r/heritage-12. Formes anciennes du nom : Selliniacum (XIIe siècle) ; Subliniacum (1148, 1487) ; Suligniacum (1210) ; Siligniacum (1256) ; Suligni (1269) ; Sumilhiaco (1327) ; Sulligny (1414) ; Suligny (1444) ; Subligny (1487, 1567, 1788, Cassini) ; Souleigny, Solligny (1570) ; Souligny (1572) ; Soulligny (1600)
Sury vient du bas-latin Suriacus formé du gentilice Surius, surnom d’origine ethnique signifiant le Syrien, et du suffixe acus. Ce mot désigne soit un indigène, soit un habitant de l’Empire romain ayant été en poste en Syrie. Il faut noter cependant qu'on trouve aussi des Suriacus dans les noms romains au début du IIIe siècle (Les dieux augustes dans l'Occident romain : un phénomène d'acculturation, Thèse par Alain Villaret ; Ausonius-Institut de recherche sur l'Antiquité et le Moyen âge). C'est à l'époque qui fut à la fois celle de l'occupation romaine et celle de l'évangélisation de la Gaulle que nous devons, selon la tradition, le nom de Sury-ès-Bois. Une question reste ne suspens : est-ce que ce Surius avait aussi des terres à Sury-près-Léré et à Sury-en Vaux ? Formes anciennes du nom : Sariacum in boschis (1146) ; Suriacum in boschis (1164) ; Seri in bosco (1228) ; Parrochia Suriaci (1259) ; Seriacum in bosco (1262) ; Suriacum in sylvis (1269) ; Sury au bois (1410) ; Sury ès Boys (1419, 1480, 1788, Cassini) ; Suri au Bois (1547) ; Cerbry (1566) ; Sevry ès Bois (1567) ; Suri es bois (1608)
Deux hypothèses peuvent expliquer Thou : 1) le gaulois tullo =gonflement, enflure, éminence. Le l final s’est régulièrement vocalisé en u (Nègre, 1990 ; Brunet, 2016); 2) thou est aussi un fossé, un trou, une voûte dans le Centre de la France (Jaubert, 1842) provenant du pré-indo-européen tol =source ayant abouti au gaulois tollos ; thou serait dans ce cas une dépression de terrain s’accompagnant d’un cours d’eau ou d’une source. Cependant l'étude du profil altimétrique semble indiquer que la première hypothèse est plus probable, Thou étant situé sur une hauteur à près de 50 mètres au dessus de la vallée de la Grande Sauldre. Formes anciennes du nom : Tho (1422) ; Thoo (1648), Thou (1783), Les Thous (Cassini)
Villegenon est issu du bas-latin Villam Genulfi. Villa = domaine rural, et Genulfus, issu de Genouph, nom de personne d’origine germanique, avec attraction de la finale des noms en o-onis.. Formes anciennes du nom : Villa Genum (1145) ; Villa Genonis (1146, 1155, 1165) ; Villa Genou (1240) ; Villa Genulphi (1276) ; Villa Genon (1288) ; Villa Genu (1397) ; Villegenoul (1472) ; Villegenoulx (1532) ; Villegenon (1567, 1788, Cassini). Notons aussi qu'à Villegenon il y a 5000 ans, au néolithique, le silex est la richesse locale et un atelier de taille de la pierre a fonctionné longtemps. Les silex taillés et polis servent de monnaie d'échange et on en trouve encore de nos jours. "Un champ à sol liliceux du parc de Villegenon, à la famille de Bonneau, présente à foison des silex taillés par la main des hommes" (Buhot de Kersers, 1870).
On pourrait donc résumer l'origine du nom des communes avoisinantes ainsi :
Celte : Barlieu, Thou
Latine : Sury (IIIe siècle)
Germanique : Assigny, Concressault, Jars, Subligny, Villegenon
Chrétienne : Dampierre
La période centrale d'occupation la plus importante de cette région semble se situer à partir du IIIe siècle, on sait qu'à partir de l'an 270, beaucoup de Germains vaincus par les Romains se voient attribuer des terres en Gaule pour les défricher et les cultiver. D'autres s'installeront plus tard jusqu'au milieu du Ve siècle après avoir servi dans les légions romaines, les vétérans se voyaient octroyer le droit de s’installer dans une colonie de l’empire.