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Noms de lieux de Vailly-sur-Sauldre

Ancienneté de Vailly (et des communes avoisinantes)

D'après l'origine du terme Vailly, il semble donc que l'origine la commune remonte à l'existence d'un domaine agricole ayant appartenu à un germain du nom de Vallius ; on ne peut guère aller au-delà dans les hypothèses pour savoir comment il est arrivé ici, librement ou contraint, laboureur ou soldat mais on peut supposer que l'existence de ce domaine date de la période 300-500.

L’occupation ancienne de la région proche est attestée par des découvertes archéologiques comme le montre schématiquement l’illustration et le tableau ci-dessous (nous avons volontairement omis les découvertes paléolithiques) :

Decouvertes archeologiques

Vailly :

Dépôt monétaire; le Musée du Berry possède les sesterces suivants : 2 Nerva (impératrice de 96 à 98), 1 Trajan (empereur de 98 à 117), 1 Hadrien (empereur de 117 à 138), 1 Faustine (impératrice de 138 à 161), 1 Faustine II (co-impératrice de 161 à 175), 1 Lucile (co-impératrice de 164 à 172) (CAG18).

Barlieu

Un atelier monétaire mérovingien est attesté avec sur les pièces (tiers de sou d'or 1g25) : au verso : MAVRINO +. Tête à droite , au recto : + BARELOCO, croix ancrée , sur une croisette (Prou, Maurice (1890). Inventaire sommaire des monnaies mérovingiennes de la collection d'Amécourt, acquises par la Bibliothèque nationale). Le monétaire (celui qui signe ces monnaies) est Maurinus.

Concressault

"On trouve dans les environs des débris d'antiquités romaines, des médailles du haut et bas empire , etc." (Pierquin de Gembloux, 1840)

Villegenon

Abicot de Ragis a receuilli deux pièces gauloises aux environs de Villegenon et d’Oizon (Mém. Soc. Antiq. Centre, 1888) : une avec une tête à gauche, cheveux relevés en grosses boucles ou rouleaux/sanglier à gauche ; l’autre, tête à gauche avec diadème perlé / cheval au trot à droite.

Au nord de la Craulaye (ou Croulaie), sur la rive droite de la Nère : site à tegulae (tuiles romaines) avec céramique sigillée et "plus haut..entre les maisons et l’étang, des murs romains se croisant et entourant de très petits compartiments" (Buhot de Kersers, 1895)

Subligny

Au Mont Carré : monnaie : un as d’Agrippa (CAG18).

On parle du "chemin de Saint-Romble" entre Subligny et Sancerre qui daterait au moins du Ve siècle

Assigny

Au lieu-dit Les Sables ou Les Sales, site signalé comme étant peut-être un édifice d’habitation gallo-romain disparu depuis (Buchsenschutz, 1979)

Au lieu-dit La Tuilerie existerait une tuilerie romaine. Aucune preuve (CAG18).

Sury

Champ de Chappe (à la limite de Sury et de Thou, près de Charpignon) : dépôt monétaire dans un "vase en fer", composé de 310 sesterces du Haut-Empire (il a disparu). + substructions (CAG18).

Près du Bois du Gai Potier : fragment de marbre blanc, tuiles à rebords et tessons de sigillée (CAG18).

Pré des Noues ou Les Noues : pièces carrées de 5m de côté avec squelettes, cendres et briques romaines (Buhot de Kersers, 1895)

 

On peut faire l'hypothèse de l'existence d'un petit établissement rural sur le territooire de l'actuel Vailly : de dimension réduite (quelques pièces réunies en un ensemble de locaux d'exploitation et habités), caractérisé par une pauvreté architecturale et matérielle contrairement aux villae (pas de mosaïque, pas de balnéaire..) et la simplicité (Cobolet, 1979)

Origine des noms des communes avoisinantes

Le toponyme Assigny est de type gallo-romain et rappelle l'existence d'un domaine rural dont un propriétaire s'appelait probablement Assenius, Asinius ou Accinius (Boyer, 1926 ; Nègre, 1990 ; Le Bellec, 2022 ; Morlet, 1985) formé à partir d'Assius dont l'origine est germaine, l'étymologie de ce nom provenant d'une latinisation du nom de personne germain asch, diminutif d'adalrik qui signifie noble et puissant. L'origine de ce village remonte donc sans doute à l'époque où les germains ayant servi dans les légions romaines se voient offrir des terres avec un peuplement réel à partir du Moyen-Âge. Formes anciennes du nom :  Ecclesia de Accigniaco (1144), De Axigniaco (1163), de Acigniaco (1164, 1175, 1262), Signi (1168), Acigni (1180), Assigny (1274, 1448, 1454, 1788, Cassini), Capellanus de Aucigniaco (1327), Auxigny (1345), Asseigneyum (1405), Asigny (1435), Assigné (1466)

Barlieu est dérivé de la racine gauloise *bar,*barros et  du latin  locus = lieu ; barros signifie la hauteur, le sommet, la cime, et par extension la tête (se trouvant au sommet du corps). Il est issu de la racine indo-européen *bhers- (pointe / cîme), et serait à l'origine des mots français : barre, barrière. On le retrouve en vieil irlandais (barr), en gallois et cornique (bar). En toponymie, elle signifie généralement des lieux habités en hauteur comme Bar-le-Duc ou Bar-sur-Aube ; de nombreux toponymes comme La Barre ou Les Barres correspondent à un village gaulois en bordure d'un coteau ou sur une hauteur. Comme pour Barlieu, *barros entre aussi dans la formation de noms de lieux composés, comme Barnave dans la Drome (associé au gaulois *nava =plaine, vallée), le château du Haut-Barr (avec le germanique hoch et écrit aussi Hohbarr) pour ne donner que deux exemples.  Formes anciennes du nom:  Ecclesia de Barloco (1144), Barloces (1190), Parrochia de Barleco (1247), Prior de Belloloco (1327), Prior de Ballo Loco (1351), Barlieu (1367, 1390, 1788, Cassini), Baleu (1397 Parrochia de Barro Loco (1529, 1603, 1648, 1720, 1766), Parrochia de Barlo Loco (1553), Berlieu (1567), Barlieu sous Loire (1730)

Selon Albert Dauzat (1963), Concressault viendrait du latin cortem = domaine rural, et Curzi-wald, nom de personne germanique, (wald =gouverner). Pour Ernest Nègre (1900), Concorcelli en 1188, proviendrait de cortem et d'un nom de personne germanique Cunthild : Cort-Contial serait devenu Con-Corciald par métathèse  des consonnes r et n (n permutation de deux phonèmes). En 1840, Pierquin de Gembloux indiquait que les étymologistes classiques faisaient venir ce nom de Concordiae Saltus (le bois de la concorde) et adhère à cette thèse ; il écrit : "succédant peut-être à une forêt sacrée, un temple de la Concorde, dont on n'a point encore découvert les vestiges, y attira sans doute la piété gallo-romaine ; et l'invasion anglo-saxonne, loin de lui enlever son caractère antique ne fit que l'augmenter en y fixant le séjour du prince : de là le mot tudesque ou theuton de Kurt, précédant l'ancienne dénomination".  Formes anciennes du nom : De Concorcialdo (Xe siècle), Concurcallum (1012), Concurceaul (vers 1012), Concurcial (1040), Corconcialdum (vers 1060), Curconcal (1065), Concorcellum (1087, 1351), Concurcarlum (1100), Corconcialum (1102),  Concorthau (1119), Corcociacum (1123), De Corcociaco (1123),Concorthallum (1129), Concurciacum (1130), Concortallum (1144), Concorciacum (1163), Curconcellium (1168), Cumcorcaut (1176), Cucurciandum (1182), Concorcelli (1188), Concruceaut (vers 1201),  Concorcaudum (1203), Concorceallum (1203), Conquerceaut (1217), Concorchaut (1222), Concorceaut (1227), Concorcauz (1239), Concourcaut (1343), Concorsaut (1380), Concorsault (1416, 1437, 1529), Concoursault (1453, 1505), de Concrecello (1502), Concursault (1558), Concressault (1567, 1586, 1788, Cassini), Concresault (1582),  Concordiae Saltus (1648), Concordialum (1766). A noter qu'en patois local, Concressault se dit Conqu'sault.

Dampierre est formé à partir du latin dominus = Seigneur et de Petrus = Pierre et donc est équivalent à Saint Pierre. Le culte des saints (apôtres, martyrs) se manifeste plus particulièrement à partir des Carolingiens. Les premiers glorifiés ont été Pierre, l'apôtre (Dompierre, Dampierre, Dompaire), Martin, l'évangélisateur de la Gaule (Dommartin, Dammartin), la Vierge (domna : Dannemarie, Donnemarie, Dommary). Formes anciennes du nom : de Domno Petro (1130), Donna Petra (1233), Dampetra (1243), Dampna Petra (1261, 1397), Demp Père (1345), Dampierre (1397, 1567, 1704, 1788, Cassini), Dempierre (1397), Dam Père (1426), Danp Père (1452), Damperre (1483, 1506), Damna Petra (1506, 1646), Dampierre sur Yonne (1509), Dompierre (1652, 1670), Dompierre en Berry (1670), Dampierre au Crot (1740, 1772), Dampierre en Berry (1784)

Jars pourrait dériver du germanique gart qui a donné en ancien français jart = jardin (Wartburg, 1922). Les plus anciennes mentions remontent au Moyen Âge. Avec des évolutions. "On relève Yars en 1221, Jardum en 1294, Jards en 1766", lit-on dans Jars, une commune au cœur du Pays Fort. Dans tous les cas, il s’agit bien, d’après les linguistes, de la déclinaison de l’ancien français Jart, jardin, du germanique Gard, que l’on retrouve avec les termes anglais garden ou allemand Garten. » (Michel, 2020). Formes anciennes du nom : Jars (1144, 1195, 1460, 1788) ;  Yars (1221) ; Jardum (1294) ; Jars lez Sancerre en Berry (1452) ; Jards (Cassini; Crépy, 1737).

Subligny vient du  bas latin Subeliniacus à partir de la racine Svabilo, nom de personne d’origine germanique traitée comme Suabilin, avec adjonction du suffixe de possession -iacus  transformé ensuite en –y (Nègre, 1990). La localité puise son origine dans le Ve siècle quand Romulus (futur St Romble) y fonde un ermitage puis un monastère rustique vers 460. Pour plus d'information sur Subligny et Saint-Romble : https://www.sublignypaysfort.fr/r/heritage-12. Formes anciennes du nom : Selliniacum (XIIe siècle) ; Subliniacum (1148, 1487) ; Suligniacum (1210) ; Siligniacum (1256) ; Suligni (1269) ; Sumilhiaco (1327) ; Sulligny (1414) ; Suligny (1444) ; Subligny (1487, 1567, 1788, Cassini) ; Souleigny, Solligny (1570) ; Souligny (1572) ; Soulligny (1600)

Sury vient du bas-latin Suriacus formé du gentilice Surius, surnom d’origine ethnique signifiant le Syrien, et du  suffixe acus. Ce mot désigne soit un indigène, soit un habitant de l’Empire romain ayant été en poste en Syrie. Il faut noter cependant qu'on trouve aussi des Suriacus dans les noms romains au début du IIIe siècle (Les dieux augustes dans l'Occident romain : un phénomène d'acculturation, Thèse par Alain Villaret ; Ausonius-Institut de recherche sur l'Antiquité et le Moyen âge). C'est à l'époque qui fut à la fois celle de l'occupation romaine et celle de l'évangélisation de la Gaulle que nous devons, selon la tradition, le nom de Sury-ès-Bois. Une question reste ne suspens : est-ce que ce Surius avait aussi des terres à Sury-près-Léré et à Sury-en Vaux ? Formes anciennes du nom : Sariacum in boschis (1146) ; Suriacum in boschis (1164) ; Seri in bosco (1228) ; Parrochia Suriaci (1259) ; Seriacum in bosco (1262) ; Suriacum in sylvis (1269) ; Sury au bois (1410) ; Sury ès Boys (1419, 1480, 1788, Cassini) ; Suri au Bois (1547) ; Cerbry (1566) ; Sevry ès Bois (1567) ; Suri es bois (1608)

Deux hypothèses peuvent expliquer Thou : 1) le gaulois tullo =gonflement, enflure, éminence. Le l final s’est régulièrement vocalisé en u (Nègre, 1990 ; Brunet, 2016); 2) thou  est aussi un fossé, un trou, une voûte dans le Centre de la France (Jaubert, 1842) provenant du pré-indo-européen tol =source ayant abouti au gaulois tollos ; thou serait dans ce cas une dépression de terrain s’accompagnant d’un cours d’eau ou d’une source. Cependant l'étude du profil altimétrique semble indiquer que la première hypothèse est plus probable, Thou étant situé sur une hauteur à près de 50 mètres au dessus de la vallée de la Grande Sauldre. Formes anciennes du nom : Tho (1422) ; Thoo (1648), Thou (1783), Les Thous (Cassini)

Villegenon est issu du bas-latin Villam Genulfi. Villa = domaine rural, et Genulfus, issu de Genouph, nom de personne d’origine germanique, avec attraction de la finale des noms en o-onis.. Formes anciennes du nom : Villa Genum (1145) ; Villa Genonis (1146, 1155, 1165) ; Villa Genou (1240) ; Villa Genulphi (1276) ; Villa Genon (1288) ; Villa Genu (1397) ; Villegenoul (1472) ; Villegenoulx (1532) ; Villegenon (1567, 1788, Cassini). Notons aussi qu'à Villegenon il y a 5000 ans, au néolithique, le silex est la richesse locale et un atelier de taille de la pierre a fonctionné longtemps. Les silex taillés et polis servent de monnaie d'échange et on en trouve encore de nos jours. "Un champ à sol liliceux du parc de Villegenon, à la famille de Bonneau, présente à foison des silex taillés par la main des hommes" (Buhot de Kersers, 1870).

On pourrait donc résumer l'origine du nom des communes avoisinantes ainsi :  

Celte :                    Barlieu, Thou

Latine :                  Sury (IIIe siècle)

Germanique :       Assigny, Concressault, Jars, Subligny, Villegenon

Chrétienne :         Dampierre

La période centrale d'occupation la plus importante de cette région semble se situer à partir du IIIe siècle, on sait qu'à partir de l'an 270, beaucoup de Germains vaincus par les Romains se voient attribuer des terres en Gaule pour les défricher et les cultiver. D'autres s'installeront plus tard jusqu'au milieu du Ve siècle après avoir servi dans les légions romaines, les vétérans se voyaient octroyer le droit de s’installer dans une colonie de l’empire.

La question du passage d'une voie romaine à Vailly

Plusieurs auteurs ont aussi mentionné l'existence d'une voie antique secondaire passant à Vailly, alors que d’autres ne parlent que des voies romaines attestées comme Monsieur Berry dans son rapport du 15 mars 1850 devant la Commission Historique du Département du Cher ; il ne fait référence qu’à 7 voies romaines qui traversent le Cher, aucune ne passe par le Pays Fort. S’il y a eu une voie de communication passant par Vailly, elle est donc de moindre importance.

Jollois (1836) note que "la voie romaine conduisant du pays chartrain dans le Berry" possède un embranchement à partir de Pierrefitte-sur-Sauldre qui conduit à Condate (Cosne) et la carte qu'il produit montre que cette voie passerait par Aubigny, Oizon et Vailly-sur-Sauldre ; mais l'auteur ne donne aucune explication ni confirmation. Cette voie porte sur la carte le numéro II

Jollois 1836Mater (1900) parle d'un tracé hypothétique d'une voie de Bourges à Gannes (Beaulieu sur Loire) qui passerait par Menetou-Salon, Pierrefitte-ès-Bois et croiserait la Sauldre à Vailly d'après le tracé de sa carte ; il évoque aussi des informations qu’il tient de M. Bonnin, ancien secrétaire de la mairie de Sancerre et auteur d’une histoire de la ville : il y aurait eu une voie partant de Sancerre et se dirigeant vers le nord, appelée chemin de la Cresle et aussi, d’après une tradition orale, Chaussée de Brunehaut, sortie de Sancerre par la Porte Saint-André puis passant par Fontenay, Saint-Gemme, Savigny en Sancerre et se dirigeant ensuite vers Orléans  en passant par Santranges, Pierrefitte-ès-bois, Cernoy et Autry.  Bonnin précise : "chemin de la Crêle , ancienne chaussée de Chaussée de Brunehaut , qui était la voie antique conduisant du camp de Sancerre à Genabum" (Description de la Ville de Sancerre et des Villages, Châteaux et habitations en dépendant, faite en l'année Mil huit cent soixante dix sept par Léopold Bonnin, Secrétaire de Mairie de Sancerre)

Matter 1900

Chenon (1922) évoque un tracé qu’il appelle "la voie de la Sauldre"  qui relie Château-Gordon (qu’il identifie alors comme Saint-Satur, la seule ville Biturige située sur la Loire où un passage facile permettait de franchir le fleuve) à Orléans. Cette voie plus directe et non plus en forme d’arce-de-cercle comme celle qui longe la Loire, "traversait le hameau de Fontenay (Fontanetum), séparait pendant 1000 mètres les deux paroisses de Verdigny et de Sancerre, puis passait à Verdigny. De là, M. Bonnin croit que la voie allait à Saint-Gemme et Savigny, pour continuer vers Gien (qu’il identifie à tort avec Genabum) ; mais ce tracé conduit à Châtillon-sur-Loire et non à Gien. Il est beaucoup plus probable que la ‘chaussée Brunehaut’ se dirigeait, non vers Saint-Gemme, mais vers Thou et Subligny suivant le chemin appelé aujourd’hui ‘le chemin de Saint-Romble’. De Subligny, elle arrivait à Vailly-sur-Sauldre en longeant la rive droite de la Salereine. À Vailly, elle traversait la sauldre, pour en suivre la rive gauche jusqu’à Argent".

Cette appellation de "chaussée Brunehaut" est assez courante, surtout dans le Nord de la France, il existe une nette coïncidence entre les chaussées Brunehaut et les grandes voies romaines signalées par l’itinéraire d’Antonin et la table de Peutinger et avec certaines voies secondaires. L’utilisation de cette expression date de l’époque de la mise par écrit de chansons de geste, au XIIIe siècle alors que Brunehaut a occupé la scène politique de 567 à 613 et qu’à l’instar des autres rois mérovingiens, elle s’est employée à restaurer des routes et ce, durant 46 ans (Rouche, 2003). Ces voies ainsi nommées étaient d'anciennes voies restaurées par les Carolingiens, mais il pouvait aussi s'agir de voies nouvelles inspirées des voies romaines. Une légende est à l'origine du nom de Brunehaut. On disait qu'elle avait pactisé avec le démon pour construire rapidement, tantôt en trois jours, tantôt en une nuit, des routes particulièrement difficiles à établir (Baudot-Le Touz, 1999).

Jacques Soyer (1971) étudie aussi les deux voies qui relient Orléans à Sancerre (Gortona), la première, la plus ancienne et la plus importante relie les deux villes en longeant la Loire ; Gortona était à l’époque de César la capitale des Boiens (Boii), peuple vassal des éduens à la frontière des Bituriges. Après la conquête romaine, cet oppidum est rattaché à la civitas Biturigum puis deviendra sous la monarchie franque le chef-lieu d’une vicairie ou viguerie (vicaria), les viguiers étant des officiers à qui les comtes déléguaient une partie de leur autorité, et qui administraient une portion du comté.

la seconde qui est "beaucoup plus courte, mais éloignée du fleuve et certainement moins agréable, allait presque en ligne droite de Vienne-en-Val à Sancerre, en passant par le Gué- Robert, où elle franchissait le ruisseau du Bourillon, affluent du Cosson, Vannes-sur-Cosson (autrefois Vannes-en-Sologne ; Venna, localité celtique), Isdes, Cerdon-du-Loiret (localité celtique, dont le nom était terminé en dunum), où elle abandonnait (à la limite de la comm. de Coullons) la civitas Aurelianorum pour entrer dans la civitas Biturigum et atteindre Sancerre par Argent-sur-Sauldre (atelier monétaire mérovingien), Concressault, Le Grand-Chemin, Barlieu (atelier monétaire mérovingien) et Vailly-sur-Sauldre. C’était la ‘chaussée de Brunehaut’ 

En note, Soyer précise que l’on peut remarquer l’importance stratégique de Concressault, puissante forteresse  médiévale et que Chenon a tort d’identifier castrum Gordonis avec Saint-Satur. Il ajoute que "c’est certainement une de ces deux voies [celle qui longe la Loire ou celle qui passe à Vailly] que suivit en 463 le maître de la milice Aegidius qui, à la mort de l’empereur Majorien (461), avait en Gaule prit le titre d’Augustus [sic]. Après avoir infligé une sanglante défaite aux Visigoths, alliés de l’Empire, et tué Frédéric, frère de leur roi Théodoric II, dans une bataille livrée près d’Orléans, entre la Loire et le Loiret, il se dirigeau avec une puissante armée sur Sancerre, dans l’intention de piller cette place forte. C’est alors qu’un prêtre du pays, Romulus (Saint Romble), aurait intercédé auprès du vainqueur pour qu’il fît preuve de clémence envers les habitants de la ville".

Soyer évoque aussi un autre indice concernant la possibilité d’existence d’une voie antique : "les toponymes rappelant l’emplacement d’hôtels-Dieu, de léproseries ou maladreries, toujours situés au moyen âge sur les voies les plus importantes". Or à Vailly nous trouvons La Maladrie et le Guyané et La Maladrie.

Soyer

 

Cobolet (1979) parle de la Chaussée de Brunehaut et donne la carte suivante où les triangles représentent des sites antiques

Voie romaine cobolet

 

Vailly a donc probablement été traversé par une voie antique secondaire même si son tracé est incertain ; tout le monde est d’accord pour reconnaître que le réseau des voies romaines au Ve siècle est alors en parfait état, qu’il comprend des voies publiques et des voies secondaires et qu’elles sont périodiquement reconstruites pour permettre à l’armée et aux courriers postaux de les parcourir rapidement ce qui explique, en particulier, le tracé volontairement et souvent rectiligne de ces voies (Rouche, 2003). Le trajet le plus plausible est celui qui relierait Sancerre à Argent sur Sauldre, via Subligny, Vailly, Concressault...

Date de dernière mise à jour : 18/07/2024

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